jeudi 9 juin 2016

La lengo nostro

 La lengo nostro, c'est des souvenirs d'enfance, un héritage que j'ai voulu qu'on me transmettre mais qui faute de temps n'a pas abouti, seulement quelques textes de Mistral appris par cœur et des notions...
   Tout a commencé quand j'avais neuf ans. Je me rappelle, j'étais en vacances sur la terrasse, il faisait chaud, un ciel bleu comme il y en a souvent chez nous. Je me suis assise sur les marches de l'escalier de l'entrée et je pensais. Papi sait le provençal et pourquoi on ne le sait pas ? Alors je suis allée courir voir Papi : "-Dis Papi, apprends moi le provençal. Des mots oui des mots !!!"
   Papi le parlait, il tenait ça de son père qui devait le tenir de ses vieux. Bien que nous ne soyons pas provençaux, nous sommes languedociens, avec différentes communes, nous aimons l'étang, la mer, la montagne, le Pic Saint-Loup, enracinés, nous sommes fiers de notre pays.
   Quand nous étions petits, à table, on disait le bénédicité en... Provençal. C'était Papi qui l'entonnait et tous en chœur nous répondions Ansi sigue, ce qui veut dire ainsi soit-il. Mais durant ces repas bien des fois nous nous faisions gronder : taisa te ! arrête de bouléguer ! Le Provençal animait nos vies, le provençal faisait partie de notre façon d'être. Quand on allait dans le nord, on parlait comme un "estrangé", ils nous comprenaient pas mais nous, on s'en foutait ! C'était comme ça mais pas autrement.
   Mais un beau jour, je commençais à avoir plein de questions dans ma tête... Au fond, le Provençal est une richesse, Papi est une de rares personnes qui le sait et qui surtout pourra me l'apprendre. Alors pour m'occuper j'ai dit à Papi : Dis, tu veux pas m'apprendre ?
J'avais la quinzaine.
   Il s'assit, pris une feuille de papier et écrivit quelques mots à l'encre noir de sa main tremblotante. C'était les deux premiers strophes du Premier chant de l’œuvre poétique de Frédéric Mistral, Mireille.  Il me donna le papier et me dît : tiens apprend !
Des après-midis d'été à apprendre ce texte si bien que maintenant je le connais par cœur !
Papi, le seul homme qui pouvait lire les évangiles intégralement en provençal. Je me rappelle quand j'ouvrais son livre sacré, je n'y comprenais rien mais je l'admirais.
   Les années passent et quelques années plus tard, une méthode Assimil sortait. Oui, faut bien vous le dire, le Provençal est une langue, pas un patois. Avec un petit cahier, je notais quelques expressions tout en écoutant le CD. Ma cousine le parle bien aussi, forcément elle est prof. C'était aussi l'autre source de motivation qui me poussait à ne rien lâcher. La Coumunioun di Sant, Lou cant dou soulèu, ces poèmes je les ai appris, des mots, de la poésie et surtout du Mistral...

   Mais à quoi sert de vouloir faire tout ça ? A quoi ça sert de parler une langue que personne ne parle ? Il faut comprendre que le Provençal est un richesse, le fruit de maintes discussions de nombreux siècles. Il découle de l'héritage que nous ont transmis nos ancêtres. Ce n'est pas simplement une langue mais un style de vie avec une Histoire et des traditions. Grâce à Mistral, la langue contient un dictionnaire et de merveilleux textes. Le Provençal c'est aussi la marque d'une identité bien particulière.

  Malheureusement, je n'ai guère approfondi mes connaissances, mon grand-père est parti rejoindre les anges, reste plus que la motivation... ou bien de m'inscrire au prochain stage de Provençal !

La Fenotte En Colère

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